Je joue D’amour et d’eau froide, mon one man show depuis 5 mois au Café de la Gare à Paris. Ça se passe très bien : les spectateurs et la presse sont au rendez-vous et manifestement mon spectacle plait beaucoup. Mais – parce qu’il faut toujours un mais -, même si je finis toujours par gérer ce fichu trac au bout de 15 minutes, que le démarrage est difficile ! Dans les loges avant que le rideau ne s’ouvre, mon estomac, mes mains, mes jambes, mon cœur, et tout le reste me rappellent qu’ils préféreraient être ailleurs ! Et puis un beau jour….
C’est un mardi. Mon généraliste, le docteur Bismuth (si si je vous jure !), vient de recevoir mes analyses. Il me demande de venir à son cabinet. L’hypocondriaque que je suis le sent forcément très très très mal… Et pour une fois, j’ai raison de m’inquiéter. Des cochonneries trouvées dans mon sang laissent à penser qu’une gentille Hépatite C s’est attaquée à mon foie. « Et ça veut dire quoi ? » Docteur Bismuth m’explique. L’hypocondriaque se sent très très très mal… Néanmoins, je repars avec une nouvelle ordonnance pour refaire des analyses plus approfondies, pour être certain. Je sors du cabinet à 18 h 30. Je joue dans 2 heures. 2 heures durant lesquelles je prends une vraie résolution : désormais, ce ne va être que du plaisir, tout le temps, quoique tu vives… Ne pas penser à demain, mais tout faire pour aujourd’hui !
J’arrive au Café de la Gare. La caissière me dit : « Jean Gilles, ce soir c’est complet ! » En temps normal, ce genre de nouvelle nourrit mon trac ; ce soir, il nourrit mon envie d’y aller, de m’éclater, d’en profiter, que du plaisir, j’ai dit ! Le rideau s’est ouvert, j’étais tendu, parce que chargé du souci de bien faire, et en même temps détendu, parce complètement dans l’instant…. Je n’ai jamais oublié cette représentation !
2 jours plus tard, résultats des nouvelles analyses : je n’ai rien ! Merci Docteur Bismuth !
Vous avez du mal à vaincre votre trac ?
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