Je suis au téléphone et j’écoute Gérard.
– Lui : Je sens bien que je ne passe pas bien dès que je prends la parole en public, le trac sans doute… J’ai une intervention très importante pour moi dans 15 jours, on m’a dit que vous pouviez m’aider !
– Moi : Bien sûr ! Dommage que vous ne m’ayez pas contacté un peu plus tôt, mais bon, on va trouver une solution. Avez-vous une intervention prochainement pour que je puisse faire un diagnostic ?
– Lui : Oui, cet après-midi à 16h !
– Moi : J’y serai !
Je m’installe dans le hall, au milieu d’une centaine de personnes. Il s’agit d’un pot de départ en retraite et Gérard va faire le discours conventionnel. Il arrive : un homme séduisant, petite cinquantaine, très élégant, beaucoup de classe. Tellement d’ailleurs que je m’interroge : « Pourquoi a-t-il besoin de moi ? »
Gérard commence : « Bienvenue à tous ! Je voudrais d’abord vous dire combien je suis ému d’avoir été sollicité pour faire ce discours. » Et là je n’en crois pas mes yeux – et je suis le seul puisque manifestement le sourire dissimulé des gens qui m’entourent laissent à penser que Gérard est coutumier du geste… Et quel geste ! Gérard a un tic : il se touche les parties génitales ! Oui vous avez bien lu, et c’est tant mieux parce que je n’ose pas le ré-écrire !
Comme vous le savez, un tic gestuel est en fait un geste d’auto-réassurance complètement inconscient ; un geste qui nous échappe ; un geste qui s’intensifie quand le trac monte. Et effectivement le trac est en train de monter chez Gérard ! C’est compréhensible, puisqu’il perçoit des réactions étranges dans son auditoire. Par exemple, ma voisine de droite comptabilise le nombre de « touchers génito-rassurants » sur son carnet de records sur la couverture duquel elle a notéé « Gérard Tics ».
Gérard me rejoint après 22 minutes de souffrance.
– Lui : Bonjour, alors vous avez vu ? Je ne passe pas… et je ne comprends pas pourquoi.
Je ne me voyais pas lui dire : « Bah oui tu te grattes les c$*§@ ! »
On a fait 3 séances de coaching. Il a reconnu que ses mains l’encombraient. Je lui ai proposé de coincer l’index de sa main droite (l’obsédée !) dans le passant arrière de son pantalon et de ne la sortir qu’au 4e point de son plan. Ce qu’il fit le jour J. Comme, il était bien préparé et qu’il avait pris confiance durant l’introduction et les 3 premiers points, lorsque cette main est devenue libre, elle s’est contenue.
Son intervention s’est magnifiquement bien déroulée. En sortant de scène, Gérard est venu me remercier et m’a avoué avoir compris au moment où sa main droite est sortie du passant, ce qu’elle faisait auparavant – un peu traumatisé rétrospectivement. Nous en avons conclu que le meilleur était à venir et que désormais il allait en étonner plus d’un -surtout la dame au carnet !
Gérard, ne m’en veux pas si tu lis ces lignes, mais je crois savoir que tu te plais toi-même à évoquer cet ex-travers de ta main droite !